Creully - Normandie - Aurore boréale....

Février 1872
Creully a eu dimanche soir le spec­tacle d'une aurore boréale, ou, pour dire plus exactement, d'une aurore polaire.
A six heures, après avoir passé par leurs phases ordinaires de mobilité et d'éclat di­vers, deux colonnes éblouissantes, sillonnées de traits de feu jaune et pourpre, se sont réunies au zénith, pour y former une cou­ronne, dont l'aspect a semblé donner raison à ceux qui soutiennent cette opinion, que ce météore est dû à la matière magnétique qui s'enflamme comme de la limaille de fer.
On eût dit qu'un obus gigantesque venait d'éclater à des espaces incommensurables, et alIait couvrir la terre de ses débris.
Puis les plis du météore, obéissant au mouvement de rotation de l'atmosphère qui les entraînait, prirent des nuances plus sombres, et finirent par disparaître, pour ne plus lais­ser dans le nord qu'un immense rideau de pourpre, qui, à minuit et demi, avait entière­ment disparu.
Comme de juste, ce phénomène météoro­logique a donné lieu aux commentaires les plus étranges, car une croyance populaire veut que le retour de ce phénomène soit l'annonce d'un événement important.
-          C'est signe de mort, disaient les uns.
-          C'est signe de sang; c'est signe de re­vanche, disaient les autres.
A l'avenir de se prononcer.